Chacun connaît la dichotomie entre finance conventionnelle et finance islamique. Elle semble s'imposer aux esprits comme un état naturel porté de part et d'autre de la méditerranée par les civilisations judéo-chrétienne et arabo-musulmane. On connaît aussi, depuis la crise des subprimes les reproches qui sont faits à la finance occidentale: trop spéculative, inéquitable, injuste et dangereuse... Pourtant, il est impossible de penser l'idée de "civilisation occidentale" sans se rappeler les principes moraux et religieux qui sont ou ont été au cœur de son fonctionnement.
L'ultralibéralisme ne saurait faire oublier que le prêt à intérêt, par exemple, a été pendant des siècles pénalement sanctionnés et voué aux gémonies par la Sainte Eglise. Aussi, aujourd'hui, est-il naturel de croire au retour d'un ordre moral insufflé par la religion catholique pour encadrer les comportements du "monde de la finance". Et certains auteurs ont eu la hardiesse de s'interroger sur l'opportunité d’une finance catholique (N. Ferrier/V. Maymo, Peut-on parler d’une finance catholique ?, Revue Banque n°750, juin 2012).
Les auteurs de cet article citent comme fondement de la doctrine financière catholique diverses encycliques issues de la doctrine sociale de l'Eglise (Rerum Novarum, Quadragesimo Anno, Master et Magistra, Populorum Progressio, Laborem Exercens, Solicitudo Rei Socialis, Veritate in Caritas), ainsi que le conseil pontifical "Paix et Justice". Mais les fondements des normes économiques de l'Eglise sont quasi-inépuisables par leur nombre, soit dans les écritures saintes, soit chez les théologiens. Rappelons que la question de "l'usure" a été débattue pendant des siècles et que jusqu'à une époque relativement récente, les problèmes pratiques étaient traités selon les mêmes principes et modalités que ceux aujourd'hui appliqués par la finance islamique à savoir : contourner la prohibition des intérêts par des montages qui rappellent nos contractus trinus, contractus mohatras, etc. Depuis Aristote, repris ensuite par Saint Thomas d'Aquin, les intérêts étaient prohibés car il était considéré comme immoral de faire payer à l'emprunteur l'usage des fonds dont le remboursement était assuré par le travail de l'emprunteur, alors que le prêteur, pendant ce temps, ne travaillait pas, du moins pour faire fructifier son argent. Cependant, progressivement les théologiens ont accepté, en partie depuis la bulle "Vix pervenit" de Benoît XIV (1740-1758), que le prêteur puisse demander un intérêt modéré en compensation des différents damnum emergens, lucrum cessans, periculum sortis, poena conventionalis et titre légal (C. Cardahi, Le prêt à intérêt et l'usure, RIDC, Vol. 7 N°3, Juil-Sept. 1955, p. 499-541, p. 507 et s.).
L'ultralibéralisme ne saurait faire oublier que le prêt à intérêt, par exemple, a été pendant des siècles pénalement sanctionnés et voué aux gémonies par la Sainte Eglise. Aussi, aujourd'hui, est-il naturel de croire au retour d'un ordre moral insufflé par la religion catholique pour encadrer les comportements du "monde de la finance". Et certains auteurs ont eu la hardiesse de s'interroger sur l'opportunité d’une finance catholique (N. Ferrier/V. Maymo, Peut-on parler d’une finance catholique ?, Revue Banque n°750, juin 2012).
Les auteurs de cet article citent comme fondement de la doctrine financière catholique diverses encycliques issues de la doctrine sociale de l'Eglise (Rerum Novarum, Quadragesimo Anno, Master et Magistra, Populorum Progressio, Laborem Exercens, Solicitudo Rei Socialis, Veritate in Caritas), ainsi que le conseil pontifical "Paix et Justice". Mais les fondements des normes économiques de l'Eglise sont quasi-inépuisables par leur nombre, soit dans les écritures saintes, soit chez les théologiens. Rappelons que la question de "l'usure" a été débattue pendant des siècles et que jusqu'à une époque relativement récente, les problèmes pratiques étaient traités selon les mêmes principes et modalités que ceux aujourd'hui appliqués par la finance islamique à savoir : contourner la prohibition des intérêts par des montages qui rappellent nos contractus trinus, contractus mohatras, etc. Depuis Aristote, repris ensuite par Saint Thomas d'Aquin, les intérêts étaient prohibés car il était considéré comme immoral de faire payer à l'emprunteur l'usage des fonds dont le remboursement était assuré par le travail de l'emprunteur, alors que le prêteur, pendant ce temps, ne travaillait pas, du moins pour faire fructifier son argent. Cependant, progressivement les théologiens ont accepté, en partie depuis la bulle "Vix pervenit" de Benoît XIV (1740-1758), que le prêteur puisse demander un intérêt modéré en compensation des différents damnum emergens, lucrum cessans, periculum sortis, poena conventionalis et titre légal (C. Cardahi, Le prêt à intérêt et l'usure, RIDC, Vol. 7 N°3, Juil-Sept. 1955, p. 499-541, p. 507 et s.).