L’Autorité des marchés financiers (AMF) a publié la semaine dernière un état des lieux des pratiques en matière d’investissement socialement responsable (ISR) en France.
Bien que les qualificatifs "chrétiens" et "catholiques" ne soient jamais employés, les rédacteurs ont néanmoins bien voulu rappeler l'étroite filiation entre l'éthique ISR et l'éthique chrétienne :
"L’investissement socialement responsable (ISR) prend ses sources
au XVIIe siècle dans le mouvement Quakers[1].
Les débuts de l’ISR tel qu’on le connaît aujourd’hui datent du XXe siècle avec
la création des premiers fonds « éthiques ». Le plus célèbre d’entre eux est le
Pioneer Fund créé à Boston en 1928. Ce dernier pratiquait une politique
d’exclusion des entreprises dont l’activité était en lien avec les «valeurs du
péché[2]
» à savoir : l’armement, l’alcool, les jeux, la pornographie et le tabac.
Si l’approche d’exclusion se développe jusque dans les
années 1980, une nouvelle approche émerge en 1972 avec le fonds Pax World Fund,
premier fond ISR moderne créé par deux prêtres méthodistes. Il s’agit de
l’approche Best-in-class. Elle ne se contente plus d’exclure des entreprises en
fonction de leur secteur d’activité mais vise à encourager et à valoriser les «
meilleurs élèves » de chaque secteur d’activité. Les fondements de cette
approche reposent sur le constat selon lequel introduire un biais sectoriel au
sein d’un portefeuille n’est pas souhaitable dans la mesure où tous les
secteurs d’activités contribuent au développement de l’économie en dépit des
controverses attribuées à certains secteurs (nucléaire, pétrolier...). Cette
approche vise l’amélioration du comportement des entreprises.
A cette époque, en France, de nombreux mouvements en faveur
du développement durable et d’une finance plus responsable prennent de
l’ampleur. Dès 1983, les premiers fonds « solidaires » et « de partage »
apparaissent[3]. Le
premier fonds ISR éthique français est créé sous l’impulsion de sœur Nicole
Reille[4]
qui souhaitait la création d’un fonds investi dans des entreprises plus
respectueuses de la place de l’Homme.
La fin des années 1990 marque le développement en Europe et
en France, des premières agences de notations extra-financières européennes,
des promoteurs de l’ISR (les forums ISR continentaux[5]
et nationaux[6]) ou
encore des centres de recherche extra-financière (l’ORSE[7]
en 2000 et Novethic[8] en
2001).
Plusieurs investisseurs institutionnels publics de long
terme comme le Fonds de réserve des retraites (FRR) en 2005 ou l’Etablissement
pour la retraite additionnelle de la fonction publique (ERAFP) en 2007, mettent
en avant des politiques d’investissement en faveur de l’investissement
responsable.
Si l’Investissement socialement responsable est le résultat
de l’évolution des principes éthiques et moraux des investisseurs, il est
important de souligner que derrière chaque investissement responsable doivent
se trouver des entreprises responsables".
[1] Communauté
prônant les principes de simplicité et d’égalité, qui a été la première à
s’opposer au commerce d’esclaves aux Etats-Unis.
[2] Ou « Sin
Stocks ».
[3] Dans un
fonds de partage, l’investisseur consent à ne pas bénéficier d’une partie des
revenus du fonds et à ce que cette partie soit reversée à une association
reconnue d’utilité publique. Ce dispositif ouvre droit à une réduction d’impôt.
[4] http://www.rse-magazine.com/Hommage-a-Nicole-Reille_a147.html
[5] Les
forums continentaux : Eurosif en Europe, ASrIA en Asie qui s’inspirent du
fonctionnement de l’US SIF.
[6] Le SIF
français : le FIR créé en 2001.
[7] L’ORSE
est plus particulièrement spécialisé sur les enjeux de la Responsabilité
Sociale et Environnementale (RSE, voir définition plus loin) et de l’ISR.
[8] Filiale
de la Caisse des dépôts et consignations, Novethic est à la fois un média
expert de l’économie responsable et un centre de recherche sur l’investissement
responsable.