Identification and analysis of the actors, practices and activities related to Christian finance - Identification et analyse des acteurs, pratiques et activités de la finance chrétienne

2015/02/09

meso IMPACT Finance, au service d’une économie pour l’Homme


A défaut d’une présence suffisamment marquée d’institutions financières chrétiennes à travers le monde, il existe quand même bon nombre d’acteurs de l’investissement qui – sans afficher distinctement une obédience chrétienne – entendent promouvoir une finance au service de l’Homme, pas seulement au seul bénéfice de celui qui investit son argent.

LA MESOFINANCE

En voici un exemple avec meso IMPACT Finance [1], une société luxembourgeoise spécialisée dans le développement des services financiers à destination des populations rurales et défavorisées en Asie du Sud-Est.

Tout en étant proche du concept de microfinance – qui promeut l’accès au crédit aux personnes les plus pauvres (jusqu’à le défendre comme étant un droit humain fondamental [2] – le positionnement de meso IMPACT Finance se distingue par le fait qu’il vise le développement d’entreprises de taille supérieure à celles soutenues par les institutions de microfinance. C’est le concept de « meso-finance », également illustré en anglais au travers de la terminologie « missing middle ». « meso » signifie « milieu » en grec ancien, par opposition à la microfinance (moyen de financement via le micro-crédit) et la finance classique (moyen de financement via les marchés et les banques).

L’ENTREPRENEUR, COMPOSANTE ESSENTIELLE D’UNE ECONOMIE RESPONSABLE

Il apparaît de plus en plus prégnant, dans la conjoncture actuelle, que l’initiative économique à l’échelle mondiale doit être drainée par les PME et l’entrepreneuriat individuel. Ce créneau de l’entreprise est celui qui a le plus de difficulté à se financer et pourtant, l’entrepreneuriat contribue de façon significative à l’épanouissement humain. La crise économique depuis 2007 a fait subitement ressurgir que l’Homme doit être au centre de l’activité économique, pour garantir une croissance juste et par conséquent durable. Jean-Paul II rappelait en mai 1991 dans l’encyclique Centesimus Annuss [3] publiée pour le centenaire de Rerum Novarum que « l’objet de l’économie est la formation de la richesse et son accroissement progressif, en termes non seulement quantitatifs, mais qualitatifs  [...] Tout ceci est moralement correct si l’objectif est le développement global et solidaire de l’homme et de la société au sein de laquelle il vit et travaille ».

L’accès au crédit est notamment l’un des leviers qui permet à l’entrepreneur de prospérer. Si l’accès au micro-crédit s’est assez bien démocratisé à travers le monde (voir par ex. le développement de l’Adie [4] en France), les entreprises se situant entre la micro- et la grande entreprise (i.e. la catégorie des PME) sont considérées comme un segment à risque, car leurs besoins financiers sont d’au moins plusieurs dizaines de milliers d’euro sans qu’elles aient nécessairement des actifs tangibles (brevets, machines, immobilier ...) importants pour confirmer leur solidité financière. Trouver le juste équilibre dans le financement des PME est et restera toujours difficile, cependant avec une meilleure approche ontologique de la part des deux parties (prêteur et emprunteur), des améliorations importantes peuvent être apportées.

LE ROLE DES BANQUES RURALES AUX PHILIPPINES

meso IMPACT Finance oriente ses investissements dans des banques rurales et autres intermédiaires financiers dédiés à une clientèle de PME et de familles à bas et modestes revenus. En finançant l’économie locale, ces intermédiaires financiers contribuent à un développement économique à partir du bas (concept d’économie ou croissance inclusive [5]), par opposition au développement économique essentiellement tiré par l’investissement des multinationales. Ces institutions locales – oeuvrant exclusivement au niveau de leurs provinces – sont pour la plupart gérées suivant des valeurs de respect humain encore exemplaires. Elles servent à leur clients des produits de base, tels que compte courant, épargne, crédit, voire assurance.

Un exemple peut être apporté avec l’institution de crédit Negosyong Pinoy Finance Corporation aux Philippines, dans laquelle meso IMPACT Finance a pris une participation à hauteur de 18 % du capital. NPFC soutient le secteur des PME via l’octroi de crédit entre 2.000 et 50.000 €, sur une période de 6 à 24 mois.

Un prochain article sera consacré au modèle de développement de NPFC et à ses valeurs [6].
 
The concept of « missing middle »

Small- to medium-scale businesses often lack access to long-term capital. It is more acute in the social sector, because the profit-making process is far slower, which requires a long-term approach from the financial partners.

 Lost between the medium and larger, more established businesses that have had access to credit from conventional banks or to fresh capital from investors, and the now-popular microfinance that have captivated a following of socially-responsible financiers, these small- to medium-sized enterprises are the “missing layer” that has been largely overlooked. The financial crisis has got the situation worsened to them.

These companies are either too small or in sectors that are considered too unconventional to access investment capital. They are forced to rely on family funds, cash flow, and advance payments on products to finance operations, which constrains growth.
  
Xavier Heude,

Co-fondateur de meso IMPACT Finance

________________________________________________

[1] www.mesoimpactfinance.com

[2] Cheval de bataille de Muhammad Yunus, précurseur de la microfinance dans les années ’70. M. Yunus est le fondateur de la Grameen Bank au Bangladesh et Prix Nobel de la Paix 2006. Presse : http://www.smh.com.au/national/access-to-credit--a-human-right-says-the-father-of-microfinance-20141010-113j3x.html

[3] http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/encyclicals/documents/hf_jp-ii_enc_01051991_centesimus-annus.html

[4] Association pour le Droit à l’Initiative Economique : www.adie.org

[5] L’économie inclusive consiste à intégrer toutes les parties prenantes de la société dans la création et la répartition des richesses. Elle est en opposition aux concepts prédominants de la croissance économique qui reposent encore trop sur le postulat de la maximisation du profit sans tenir de sa redistribution. Dit autrement, l’économie devrait servir à « donner assez, à tous, pour toujours », dixit Peter Lacy, directeur d’Accenture à Shanghaï, l’un des participants à un colloque ayant réuni 80 dirigeants d’entreprises mondiales et d’ONG au Vatican en novembre 2014, à l’initiative du Forum Economique Mondial.

[6] Consulter le très didactique rapport annuel de NPFC : http://venturesouth.ph/IMPACT/FLASH/index.html


 
 
 
 
 

No comments:

Post a Comment