A défaut d’une
présence suffisamment marquée d’institutions financières chrétiennes à travers
le monde, il existe quand même bon nombre d’acteurs de l’investissement qui –
sans afficher distinctement une obédience chrétienne – entendent promouvoir une
finance au service de l’Homme, pas seulement au seul bénéfice de celui qui
investit son argent.
LA MESOFINANCE
En voici un
exemple avec meso IMPACT Finance [1], une
société luxembourgeoise spécialisée dans le développement des services
financiers à destination des populations rurales et défavorisées en Asie du
Sud-Est.
Tout en étant
proche du concept de microfinance – qui promeut l’accès au crédit aux personnes
les plus pauvres (jusqu’à le défendre comme étant un droit humain fondamental [2] – le
positionnement de meso IMPACT Finance se distingue par le fait qu’il vise le
développement d’entreprises de taille supérieure à celles soutenues par les
institutions de microfinance. C’est le concept de « meso-finance », également
illustré en anglais au travers de la terminologie « missing middle ».
« meso » signifie « milieu » en grec ancien, par opposition
à la microfinance (moyen de financement via le micro-crédit) et la finance
classique (moyen de financement via les marchés et les banques).
L’ENTREPRENEUR,
COMPOSANTE ESSENTIELLE D’UNE ECONOMIE RESPONSABLE
Il apparaît de
plus en plus prégnant, dans la conjoncture actuelle, que l’initiative
économique à l’échelle mondiale doit être drainée par les PME et
l’entrepreneuriat individuel. Ce créneau de l’entreprise est celui qui a le
plus de difficulté à se financer et pourtant, l’entrepreneuriat contribue de
façon significative à l’épanouissement humain. La crise économique depuis 2007
a fait subitement ressurgir que l’Homme doit être au centre de l’activité
économique, pour garantir une croissance juste et par conséquent durable.
Jean-Paul II rappelait en mai 1991 dans l’encyclique Centesimus Annuss [3] publiée
pour le centenaire de Rerum Novarum que « l’objet de l’économie est la
formation de la richesse et son accroissement progressif, en termes non
seulement quantitatifs, mais qualitatifs [...] Tout ceci est moralement correct si
l’objectif est le développement global et solidaire de l’homme et de la société
au sein de laquelle il vit et travaille ».
L’accès au crédit
est notamment l’un des leviers qui permet à l’entrepreneur de prospérer. Si
l’accès au micro-crédit s’est assez bien démocratisé à travers le monde (voir
par ex. le développement de l’Adie [4] en
France), les entreprises se situant entre la micro- et la grande entreprise (i.e.
la catégorie des PME) sont considérées comme un segment à risque, car leurs
besoins financiers sont d’au moins plusieurs dizaines de milliers d’euro sans
qu’elles aient nécessairement des actifs tangibles (brevets, machines,
immobilier ...) importants pour confirmer leur solidité financière. Trouver le
juste équilibre dans le financement des PME est et restera toujours difficile,
cependant avec une meilleure approche ontologique de la part des deux parties
(prêteur et emprunteur), des améliorations importantes peuvent être apportées.
LE ROLE DES
BANQUES RURALES AUX PHILIPPINES
meso IMPACT
Finance oriente ses investissements dans des banques rurales et autres
intermédiaires financiers dédiés à une clientèle de PME et de familles à bas et
modestes revenus. En finançant l’économie locale, ces intermédiaires financiers
contribuent à un développement économique à partir du bas (concept d’économie
ou croissance inclusive [5]), par
opposition au développement économique essentiellement tiré par
l’investissement des multinationales. Ces institutions locales – oeuvrant
exclusivement au niveau de leurs provinces – sont pour la plupart gérées
suivant des valeurs de respect humain encore exemplaires. Elles servent à leur
clients des produits de base, tels que compte courant, épargne, crédit, voire
assurance.
Un exemple peut
être apporté avec l’institution de crédit Negosyong Pinoy Finance Corporation
aux Philippines, dans laquelle meso IMPACT Finance a pris une participation à
hauteur de 18 % du capital. NPFC soutient le secteur des PME via l’octroi de
crédit entre 2.000 et 50.000 €, sur une période de 6 à 24 mois.
Un prochain article sera consacré au modèle de développement de NPFC et à ses valeurs [6].
Small- to medium-scale businesses often lack access to long-term capital. It is
more acute in the social sector, because the profit-making process is far
slower, which requires a long-term approach from the financial partners.
These companies are either too small or in
sectors that are considered too unconventional to access investment capital.
They are forced to rely on family funds, cash flow, and advance payments on
products to finance operations, which constrains growth.
Co-fondateur de meso IMPACT Finance
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[1] www.mesoimpactfinance.com
[2] Cheval de bataille de Muhammad Yunus, précurseur de la microfinance dans les années ’70. M. Yunus est le fondateur de la Grameen Bank au Bangladesh et Prix Nobel de la Paix 2006. Presse : http://www.smh.com.au/national/access-to-credit--a-human-right-says-the-father-of-microfinance-20141010-113j3x.html
[3] http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/encyclicals/documents/hf_jp-ii_enc_01051991_centesimus-annus.html
[4] Association pour le Droit à l’Initiative Economique : www.adie.org
[5] L’économie inclusive consiste à intégrer toutes les parties prenantes de la société dans la création et la répartition des richesses. Elle est en opposition aux concepts prédominants de la croissance économique qui reposent encore trop sur le postulat de la maximisation du profit sans tenir de sa redistribution. Dit autrement, l’économie devrait servir à « donner assez, à tous, pour toujours », dixit Peter Lacy, directeur d’Accenture à Shanghaï, l’un des participants à un colloque ayant réuni 80 dirigeants d’entreprises mondiales et d’ONG au Vatican en novembre 2014, à l’initiative du Forum Economique Mondial.
[6] Consulter le très didactique rapport annuel de NPFC : http://venturesouth.ph/IMPACT/FLASH/index.html
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